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Si, en tout état de cause, le technicien espagnol s’est toujours plu à relever tous les défis qui se sont présentés à lui, allant de sa promotion de l’équipe réserve FC Barcelone à l’équipe première en passant par le Bayern Munich et sa découverte de la Premier League chez Manchester City, il a généralement sorti le grand jeu. 

Or, lors de son premier jour à Ethihad Stadium, le 1er juillet 2016, lui qui avait vaincu le scepticisme en remportant de nombreux trophées en Espagne et en Allemagne ne pouvait échapper à la question légitime que chacun se posait avant son arrivée en Angleterre : « Est-ce que Pep est bon ? ». Il a au moins rempli, à Manchester, ce premier challenge en remportant 18 trophées en 9 ans.

Or, de problème interne de City tout juste réglé au retard de TAA pour 2024 en passant au fort mouvement qui secoue le football anglais, il ne sera pas surprenant que la question se pose à nouveau alors que ce qui faisait son succès est devenu notre plus grand problème.

Dans une carrière jalonnée de défis, peut-être n’en est-ce pas un des plus beaux qu’il ait à relever.

Dans une autre configuration, Guardiola se serait probablement retrouvé à profiter de sa retraite sur une plage des Maldives ou un green portugais. Mais il a décidé d’occuper sa place à City après une saison écoulée – la deuxième seulement depuis son arrivée à l’Etihad – pendant laquelle il n’a rien gagné en laissant le club dans un tel état – difficile. Il a aussi sans doute compris qu’il serait beaucoup plus simple de passer la main à un successeur pendant un été sans la difficulté de la Coupe du monde des clubs. 

Enclin à rester depuis qu’il a prolongé son bail jusqu’en 2027, il a pris la main sur l’élaboration d’un nouvel effectif devant gagner des titres. Mais les temps ne sont plus les mêmes. Dans l’équipe convoquée pour la finale de la Ligue des champions contre l’Inter Milan à Istanbul, il y a à peine deux saisons, 15 joueurs (Kevin De Bruyne, Ederson, Kyle Walker, Ilkay Gündogan…) ne sont plus là ou sont tombés dans l’oubli.

L’évolution de l’effectif ne se retrouve pas seulement sur la feuille de match. Non seulement il tente de traduire le renouvellement important de son effectif, mais il subit aussi un changement dans l’équilibre de la Premier League qu’il semble s’appliquer à lui-même lorsqu’à un moment de cette saison, à propos de la réussite de formations comme Newcastle, Bournemouth et Brighton, il a encore déclaré « le football moderne ce n’est pas une question de place, c’est du rythme » – aveu des plus surprenants pour un entraîneur ayant bâti un empire sur un cadre strict de placement et de mouvements. « Mes tactiques ne fonctionnent plus comme avant », déclarait-il après la défaite de City face au Real Madrid en février quand il ne cessait de dire plus tôt dans la saison que « jamais il ne changerait ses convictions » et qu’il adorait encore faire faire à son équipe « milliers, millions de passes », sans trop s’en préoccuper. 

Mais il aura tout de même consenti à se plier à l’évolution de son temps.

En cette saison, il s’attaque à la résolution de la contradiction entre son envie de contrôle et un pressing plus haut, des attaques plus rapides, plus directes, à l’image de ce qui se passe ailleurs dans le championnat. Le fait d’avoir choisi Pep Lijnders pour l’assister est sans doute lié au fait que cet ancien joueur néerlandais assistait auparavant à Liverpool, l’illustre Jürgen Klopp pour façonner le jeu « heavy metal » de Liverpool.

Il était certainement bien pensé de tenter de marier les ingrédients de deux des plus performantes équipes de l’ère moderne de la Premier League, mais cela s’est accompagné de quelques problèmes de mise en route.

Après une victoire en début de saison sur les Wolves (4-0), City a perdu les deux suivants. Lors de ses deux succès perdus contre Tottenham et Brighton, les équipes marquent quasiment sur les mêmes actions : contre-attaques rapides à la sortie des ballons récupérés, exploitant les brèches béantes dans la défense mise à mal par la ligne défensive haute, imposée par Lijnders.

C’est un élément dont Ruben Amorim, l’entraîneur de Manchester United, aurait sans doute pris conscience avant le derby de Manchester, dimanche à l’Etihad : City pour affronter United se présente avec un point et quatre places de moins que son voisin au classement, alors qu’il a déjà six points de retard sur Liverpool (champion en titre), à présent renforcé par son attaquant Alexander Isak (125 millions de livres sterling), après la trêve internationale.

La dernière équipe à avoir perdu deux de ses trois premiers matches en Premier League pour remporter le titre était Manchester United en 1992-1993. Et à ce stade de la saison, Guardiola a déjà du retard à rattraper pour espérer retrouver le trône qu’il a occupé six fois en sept ans (2017-2024).

Mais si ce n’est pas cette saison pour City, et Guardiola, alors quand ? Son contrat court pour deux ans, mais son staff a renoncé à se risquer à deviner le moment où il pourrait mettre fin à sa carrière.

Que dans certains cercles de la City Football Academy, on se dise que cette saison pourrait bien être la dernière ; que d’autres estiment que, même s’il a reconnu qu’il touchait à sa fin, le technicien de 54 ans pourrait être persuadé de signer un nouveau contrat. Cela dépendra notamment de son niveau d’énergie et de l’ampleur de sa bonne relation de travail avec le directeur sportif Hugo Viana, successeur de Txiki Begiristain, ami de longue date de Guardiola. Quoi qu’il en soit, dans les hautes instances de City on a décidé il y a longtemps que Guardiola avait gagné le droit de dire quand et comment il s’en voudrait. Il a bien accepté qu’après une saison dernière si mauvaise, où tant d’objectifs étaient mauvais de City, il aurait été limogé par n’importe quel autre grand club.

Et comme Sir Alex Ferguson a tiré sa révérence à l’issue de 26 belles années à United au moment où il fut couronné champion pour la dernière fois en 2013, l’immense œuvre de Guardiola mériterait un tel bonheur.

Pour s’assurer d’un départ réussi, il devra composer une nouvelle équipe susceptible de grandir dans une nouvelle étape de la Premier League, ce qui constitue un second défi de tout premier plan.

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